Souvenirs critiques du système éducatif d’état

Conclusion

En définitive, le système éducatif d’Etat est un outil d’endoctrinement étatique. A ce titre, il est autoritaire et violent, lutte automatiquement contre toute opposition. L’État, à travers son système éducatif, ne cherche qu’à formater et endoctriner la jeunesse sous son emprise afin d’avoir des citoyens modèles serviles et loyaux. Il produit une diversité de classes sociales (enfant, ado, mineur·e, jeune, élève, apprenant·e, étudiant·e…) repoussant toujours plus loin l’échéance de l’émancipation,de la libération vis-à-vis de la famille patriarcale.

L’absence d’apprentissage d’une méthode personnelle et d’un esprit critique rigoureux atteste de ce point. Les parodies de démocratie y ayant cours ne peuvent masquer le fait que les élèves n’ont pas droit de cité dans les décisions concernant leur avenir et leur propre éducation. Ces dernier·ères ne sont même pas consulté·es une seule fois de leur parcours scolaire (obligatoire jusqu’à 16 ans à ce jour en rance, c’est-à-dire, et avec la dernière loi d’obligation de la maternelle, plus de 10 ans) sur ces sujets pourtant d’une importance capitale.

Sur le plan moral et psychologique, il apparaît au travers de ces analyses que l’État n’a que faire du bien-être de ses jeunes générations. A l’âge où l’on se sent le plus mal dans sa peau avec la transition de l’enfance à l’âge dit « adulte », on nous met constamment sous pression pour « réussir son avenir » : avoir de bonnes notes, ne pas faire de vague, réussir son brevet, trouver une idée de travail (c’est-à-dire avoir l’ambition être ingénieureuse, car on se moque de nos réels projets personnels, il faut avoir le projet de nos parents de combler leur désir inassouvis de prestige sociale) passer son bac pour ensuite faire des études longues etc. A l’âge où l’on éprouve un besoin de rébellion contre les autorités établies, on est enfermé dans un cube de béton avec des personnes âgées qui nous dictent quoi faire de notre jeunesse. L’État a tout intérêt à démoraliser le plus tôt possible ses citoyens et tuer dans l’oeuf toute hardeur rebelle.

Les quelques témoignages personnels qui ont agrémenté ce vidage de sac aurait pu être complétés de bien d’autres, mais vouloir brosser un portrait exhaustif des violences d’Etat à l’école serait tout simplement ridiculement long, sinon en voulant produire une « encyclopédie des nuisances » comme ça a déjà été fait pour le capitalisme. Nous pouvons, pour faire très bref, nommer quelques aspects de plus qui vont dans le sens de nos analyses tels que : la surcharge des sacs à dos; l’enseignement de théories charlatanesques pourtant ne jouissant d’aucune confirmation scientifique ni philosophique à ce jour, comme le complexe d’OEdipe; la diversité des punitions et leurs cruautés; la vitesse à laquelle doivent être exécutés les « devoirs » etc.

Ce texte, comme annoncé en introduction, n’a pas de solution miracle à proposer pour remplacer la violence d’Etat. D’autres ouvrages se proposent de le faire (sans doute, j’ai volontairement omis de me renseigner sur le sujet, dans le but de ce texte, voir en introduction pour les détails de mes motivations). Ce texte avait juste pour but de démontrer que du point de vue de la jeunesse aussi, le système éducatif d’Etat est nocif. Si nous n’avions qu’une proposition à faire spontanément après la rédaction de ce livre, ce serait d’inclure les élèves dans la gestion de l’éducation. Prendre au sérieux les aspirations des « âgisé·es », ou « jeunisé·es », plus ou moins proches de l’âge adulte, c’est déjà remettre en cause le déterminisme étatique. C’est déjà faire un bras d’honneur aux bureaucrates qui se prennent pour dieuesse à décider qui va faire quoi de sa vie.

Mais j’ai conscience que si cette « mesure » était prise, au-delà d’une simple remise en cause du système éducatif d’Etat, il ne se passera rien de concrètement révolutionnaire et les choses finiront par rester les mêmes. Une sorte « d’autogestion de la misère scolaire » en quelque sorte.

Notre critique est sous-tendue par tout un projet de société libertaire et pas seulement quelques revendications qui, bien qu’amenant une réelle amélioration des conditions de vie, ne changeront rien en profondeur. La fin des violences physiques n’a pas mis fin aux violences morales et institutionnelles. La fin (toute relative) du modèle hyper-centré sur l’enseignant·e n’a pas ouvert la voie aux critiques nécessaires du modèle vertical par le haut de l’enseignement. Bien que les chercheureuses commencent timidement à confirmer l’importance de ce qu’ielles appellent le « socio-constructivisme » (= l’élève est producteurice de son savoir; production elle-même déterminée socialement), les rares mises en pratique dépendent du bon vouloir de l’enseignant·e et, surtout, de la hiérarchie, donc du capitalisme-étatisme et de sa bureaucratie. Sous le capitalisme-étatisme, tant qu’une découverte scientifique ne peut être exploitée afin de faire du profit, il n’est pas envisagé d’en faire profiter la société. L’immobilisme du progrès apporté par la science, lorsqu’il est assujetti aux illogismes capitalistes, ne peut faire avancer la société.

C’est pour cela qu’une réponse politique est nécessaire. Une réponse avant tout
révolutionnaire. C’est pour cela qu’une simple liste de revendications ne pourraient suffire à cette critique du système éducatif d’état en particulier, s’étant mu en une critique acerbe du système étatique en général. Les professionnel·les et leurs syndicats ne sont sans forcément mieux placé·es qu’une simple ancienne élève pour savoir quelles revendications avoir. C’est leur travail certes, mais un travail de merde qui participe à l’oppression âgiste. Donc les concerné·es par l’oppression, les classes sociales que constituent le enfants, ado, élève (et quel que soit l’âge) etc ont toute la légitimité dans la produciton de leur savoir et donc dans la construction d’une société émancipée du capitalisme étatisme, une société communiste libertaire. Ce texte a tenté de le démontrer.

Comme tout outil étatique, celui-ci est nocif pour tout le monde. L’expression des personnes concernées par l’oppression du système éducatif d’état manque gravement. Ce problème est nié, à tel point qu’il va dans le sens de nos conclusions que l’État n’a que faire du bien-être de ses sujets. Tout simplement parce que l’État est une machine administrative inhumaine qui gère des dossiers plus qu’il s’occupe d’individus. Il n’y aura pas de donnée publique sur le bien-être des élèves, sur leur plaisir ou non d’être dans ce monde. Ces « souvenirs critiques » ont tenté de pallier à mon échelle àce manque, mais il serait encore mieux que des personnes encore dans ce système prennent la peine de décrire leur vécu et commencent à prendre la parole, on et là pour l’écouter maintenant. C’est le premier pas vers l’émancipation : se retrouver entre personnes d’une même classe sociale opprimée, échanger sur nos différentes souffrances et discuter de comment y remédier.

Il n’y a pas à avoir peur de la « non-mixité » des lycéen·nes dans le militantisme au lycée, par exemple. La non-mixité ne divise aps les luttes, elle les renforce d’ue critique plus précise et sévère que jamais. Et comment l’émancipation vis-à-vis des « adultes » et/ou « profs » peut avoir lieu s’iels sont toujours sur le dos des élèves ?

Le texte s’arrête volontairement avant la description de l’épreuve du bac et des études dites « supérieures » car nous pensons qu’un texte à part devrait leur être consacré, du fait de la situation bien particulière de la dernière année de lycée puis des années d’université. Sans séparer totalement les deux périodes, nous pensons au contraire que les points communs entre les différentes structures éducatives d’Etat sont plus nombreuses que leurs différences, nous mettrons en rapport la continuité du système jusqu’au monde du « travail ». Comme vu dès le début de cette série, chaque étape du système éducatif d’état se donne pour tâche de « préparer » aux étapes suivantes et est de toute façon en lien perpétuel avec celles-ci et avec « l’extérieur » qui n’est pas ci « en dehors » que ça.

En effet, nous faisons ce projet afin d’avertir les générations future, encore dans leur jeunesse, de la continuité que l’État et son capitalisme ont mis en place entre les premières années d’école et la dernière année de « vie professionnelle », même après la prétendue retraite. Nous voulons prévenir les élèves qui rentrent dans ce système que l’on va chercher à dicter leur avenir, à renforcer les déterminismes sociaux qu’iels subissent, et qu’il ne faudra pas se laisser faire et s’organiser entre elleux pour lutter contre cette société où une machine abstraite décide de toute vie concrète qu’elle peut matérialiser en un dossier. Et ce, afin de produire les ébauches de projets de la société de demain.

Salut les enfants, ne travaillez jamais à l’école

Un punk à chien à des enfants attendant le bus

Postface

L’écriture de ce texte a commencé en 2018 pour être publié en fêvrier 2019 sur la Bibliothèque anarchiste, dans une version ne me satisfaisant plus actuellement. J’ai donc voulu en produire une nouvelle version. J’avais pour projet d’en faire des copies papier, pour distribuer en scred dans les facs et lycées, voire une version simplifiée pour les collèges, mais n’y connaissant rien en édition et n’étant pas suffisamment sûre de moi, j’ai préféré garder le mode numérique pour l’écriture de la deuxième version… pour le moment.

Dans cette version j’ai cherché à rester fidèle à la démarche de la première version : ne pas rentrer dans de la théorie hyper-abstraite, juste développer autour du vécu d’une ancienne élève. J’espère avoir réussi à faire comprendre d’où me vient la haine du système scolaire voire, mieux, vous avoir fait réfléchir sur votre propre vécu dans ce système pourri.

Dans cette optique, je ne me suis que très peu renseignée et, encore à l’heure où j’écris ces lignes, je n’ai pas beaucoup de références d’adultes, enseignants etc. Déjà parce que la démarche de critiquer le système scolaire quand on est un·e de ses agent·es les plus fidèles me paraît assez bancale, mais aussi parce que la parole des concerné·es mérite selon-moi plus d’intérêt actuellement, après des siècles de travaux universitaires sans lien avec le vécu des personnes opprimées.

J’ai bien sûr lu Illich et sa Société sans école, mais après avoir écrit la première version du texte, car je ne voulais pas nuire à ma démarche première qui est juste de partir d’un vécu pour faire une critique plus générale d’un système étatique. Le livre en question a beaucoup résonné avec ce que j’ai écrit ici, et j’ai même été étonnée de voir certaines très fortes similarités entre les textes. Toutefois, Illich est un enseignant, un « adulte confirmé » au moment où il a écrit ce livre, et parle surtout de comment gérer la société (par exemple, en parlant du gâchis de pognon que représente l’école dans le monde entier), rarement, il va parler de la souffrance des enfants/ados, parce qu’il n’a pas souvenir avoir souffert à l’école sans doute, et peut-être parce qu’en tant que professeur d’université, il n’aurait jamais voulu admettre participer à une système aussi oppressif. Dans tous les cas, ça ne semble pas l’intéresser de partir de là pour faire cette critique.

J’ai lu aussi quelques livre sur Ferrer et ses projet d’éducation et sur l’éducation libertaire. Si les démarches sont intéressantes, elles manquent d’actualisation. Ferrer reste évidemment ancré dans un « républicanisme » anticlérical qui serait hors de propos de nos jours par exemple. Evidemmetn, je penche vers le côté anarchiste (« libertaire » est plus à la mode comme mot apparemment), je suis plus emballée par l’éducation envisagée comme émancipation sociale, à tout âge de la vie et contre toutes les oppressions.

Pour finir, j’invite toute personne actuellement dans un système scolaire, de n’importe quel état, à témoigner, à dire avec ses propres mots ce qu’elle ressent actuellement: comment elle envisage son avenir ? que ressent-elle à l’approche du bac ? qu’elle utilité trouve-t-elle a apprendre la biochimie molécullaire à 16 ans ? et quelle utilité elle y trouvera plus tard ? etc

Mon projet est presque fini. Presque, parce qu’il y a encore l’université à démonter. Et ça risque d’être à la fois rapide, car pas mal de choses auront déjà été dites ici, et intense, car la « fac » accumule toutes les tares du système scolaire et du du monde du tavail. C’est un apprentissage de la soumission au capitalisme-étatisme. Tout ceci n’a pas encore été écrit, il s’agira donc d’une première version en exclusivité sur ce blog.

Vive l’Anarchie ! 🏴

2 commentaires sur « Souvenirs critiques du système éducatif d’état »

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