10 raisons de détester la police (la 1312 va vous surprendre !)

Article publié initialement le 17 décembre 2020. Versions relue est mise à jour. TW: violences sexistes, racistes et policières.

On ne peut pas dire que la police soit en odeur de sainteté ces derniers temps (si elle l’a jamais été), c’est le moins qu’on puisse dire. Avec cet article, on va voir pourquoi tout le monde déteste la police et surtout pourquoi ce beau monde a raison de la détester.

Attention, il s’agit avant tout d’une critique de l’institution, c’est n’est pas une question de personne, je n’ai connu qu’une personne dans les forces de l’ordre et je ne compte pas en rencontrer d’autre, une seule m’a suffi (elle racontait ses abus de pouvoir avec un sourire narquois). Si le caractère personnel des individu·es peut évidemment jouer dans la réception de l’institution par la société, ce ne sera pas le sujet de l’article.

Dernière précision, l’article parle essentiellement de la police, mais la gendarmerie, ayant les mêmes rôles et modes d’action, n’est pas exempte de ces critiques, loin de là.

Voyons donc dix (bonnes) raisons de détester la police.

Raison première : Elle est autoritaire

La police, c’est une instance verticale, contrôlée par un ministère de l’intérieur non élu (dirigé actuellement par un violeur), qui doit faire respecter les lois proposées par le gouvernement et votées à la quasi-unanimité par la majorité écrasante du groupe à la solde de ce gouvernement et du pouvoir en général. Là, déjà, on peut se poser des questions sur le niveau de démocratie de l’institution : personne, hormis le ministère de l’intérieur, n’a son mot à dire sur la police. On pourrait parler des autres institutions censées faire attentions aux « abus », mais l’IGPN (Inspection Générale de la Police Nationale), la « police des polices », est totalement inféodée à cet ordre établi. Son directeur est lui-aussi nommé par le ministère de l’intérieur. Il n’est alors pas surprenant que les enquêtes concernant des « bavures » aboutissent très majoritairement en faveur de la police et que dans le cas inverse, la justice acquitte les agents impliqué·es. Et puis c’est quoi cette histoire ? Pourquoi pas créer une « police des polices des polices » tant qu’on y est ?

Il n’y a aucun moyen de contrôle. C’est bel et bien (moche et mal) un outil de domination au service du pouvoir en place : le gouvernement et plus largement le capitalisme et l’état.

Les « abus » sont toujours possibles et même encouragés, notamment par la culture du chiffre et de la violence au sein des services. L’obsession du chiffre, le fantasme quantificateur est omniprésent dans les institutions étatique et économiques. Il faut pouvoir calculer l’argent et le temps de travail pour dominer les gens qui doivent vendre leur force de travail (les prolétaires).

Par exemple, la police peut à tout moment faire un contrôle d’identité sur quiconque présenterait des signes pouvant éveiller des soupçons. Seulement, ce dernier critère n’entre quasiment jamais en considération et ce qu’on appelle les contrôles au faciès sont fréquents, tellement que manu a dû lui-même enfin en parler lors d’une interview après des années de critiques de cette pratique. Ce dernier exemple est abordé dans le point suivant.

Raison deux : Elle est raciste

Les contrôles au faciès ne sont qu’une partie visible de l’iceberg. Quand on verra rapidement son histoire au point 9, on comprendra mieux pourquoi. Les statistiques en fonction de la couleur de peau n’existent pas en france alors, pour en attester, on se base traditionnellement sur un autre pays qui s’autorise à en produire : les états-unis.

Le tableau ci-dessus indique le nombre de personnes désarmées tuées par la police pour 1 million, pour l’année 2015. On y voit que les noir·es sont 5 fois plus tué·es sans raison par la police que les blancs.

Vous pourriez rétorquer que la police des usa barbares et racistes n’est pas comme notre bonne police « de proximité » qui protège et sert. Nous voilà alors au point suivant.

Raison trois : Elle protège et sert un système pourri

Car après tout, que protège la police ? C’est quand la dernière fois que vous avez dû appeler la police et qu’elle s’est montrée efficace et compétente ? Qu’elle s’est montrée même utile ? De même si vous vous êtes déplacé·e pour porter plainte. Ne vous êtes vous jamais vu refuser une plainte (alors que c’est illégal) ?

La police protège l’état. C’est une institution étatique. L’état est lui-même un outil au service du capitalisme. Les institutions étatiques sont toujours des outils de gestion de l’état pour défendre le capitalisme. Vous pourriez élire votre police et ne rien changer d’autre et vous aurez les mêmes problèmes. L’état n’est pas une réalisation de l’intérêt général, contrairement à ce qu’il veut faire croire. Le point 1 le dit bien, il est au service du gouvernement, pas du prolétariat. Comme le dit la chanson :

L'état nous écrase d'impôts
Il faut payer ses juges, sa flicaille
Et si nous protestons trop haut
Au nom de l'ordre on nous mitraille

La révolte : Sébastien Faure

Pas de fausse naïveté ici, le problème immature du « gendarme et du voleur » ne tient pas. La police ne prévient pas le crime, elle réprime crime, ou tente de le faire, une fois seulement qu’il a été commis. Si vous me répondez « mais si on vous agresse, qui allez-vous appeler ? », sachez que votre réponse contient un problème que la police ne peut, et n’a pas vocation, pas résoudre : si un jour une personne inconnue m’agresse, la police n’aura servi à rien, je me serait faite agressée, point. Dans ce cas de figure, appeler police secours – si la patrouille accepte de se déplacer – et porter plainte – si l’agent·e à l’accueil accepte de la prendre – ne résoudra aucunement mon problème de base : je me serais faite agressée. Et on ne retrouvera sans doute jamais la personne en question pour… pour faire quoi d’ailleurs ?

Et puis, imaginons qu’on retrouve mon agresseureuse. On fait quoi ? La question ouvre un débat plus large sur le système judiciaire et carcéral. Mettre en prison mon agresseureuse va l’empêcher de nuire le temps de son incarcération, certes, mais une fois sorti, il pourra toujours recommencer et sera très probablement plus violent·e encore du fait du traitement inhumain qu’il lui aura été forcément infligé (la prison c’est pas l’hôtel). On ne va pas emprisonner à vie chaque criminel·le, les prisons déborderaient et le pays serait invivable : à la moindre connerie, même involontaire, on pourrait se retrouver en prison; par exemple au bout du troisième excès de vitesse d’affilé, on peut se payer quelques mois fermes. Et puis c’est soit la prison à vie, donc une seconde peine de mort, soit quoi ? Le rétablissement pur et simple de la peine de mort ? Un peu de sérieux…

[Les critiques anticarcérales que je produit là n’ont pas vocation à dire à des victimes de violences oppressives (sexistes, raciste, validistes etc) ce qu’elle devrait faire. Quand une femme poursuit en justice un homme qui la bat, je suis là pour la soutenir. En tant que non-victime, je n’ai pas mon mot à dire dans la manière de faire des victimes. Ma critique est celle des fondements du capitalisme-étatisme : la justice capitaliste-étatiste ne changera pas le système patriarcal qu’il sert, voilà où s’arrête cette critique. Courage aux personnes concernées]

Le caractère de classe de la justice, et donc de la police, se voit dans son traitement des crimes d’argent : fraude fiscale, notamment. Certain·es criminel·les échappent à la justice sans problème, ils et elle ne paient pas leurs impôts alors que leurs comptes en banque s’élèvent à plusieurs millions d’euros, ou dollars. La police ne cherche pas, ou alors exceptionnellement, à les arrêter et leur faire payer, ce n’est pas leur rôle. Leur rôle est au contraire de protéger leurs possessions injustement acquises. Le cas balkany est assez exemplaire, ce tas de merde a réussi à échapper à la prison pour être assigné… dans son manoir de mec super riche.

Inversement, les personnes réduites à voler pour manger à leur faim sont envoyées en prison. La propriété privée est supérieure à la survie du prolétariat. Cette justice à deux vitesses est la justice bourgeoise : la classe capitaliste qui se défend par l’état.

Le système judiciaire et carcéral mériterait qu’on en fasse un article à part mais on peut d’ors et déjà émettre la critique suivante, qui s’applique aussi à la police : ce qui guide ces institutions, c’est une grille de lecture manichéenne, méchant·e-gentil·le, bon·ne-mauvais·e. Le/la bon·ne étant dans le respect de l’ordre établi et de la propriété privée, et dans la soumission à l’autorité, bien entendu.

Le monde ne fonctionne pas comme ça. Les gens n’agissent pas par pur altruisme ou cruauté brute, il y a tout un ensemble de facteurs extérieurs qui amènent à certains choix, parfois difficiles. Sans vouloir excuser les crimes, déresponsabiliser les criminel·les, il faut dire aussi à titre d’exemple, que cette lecture propose également de différencier les « gentils flics » des « méchants flics » par exemple, utilisant une argumentation individualisante, alors que le genre de critique systémique radicale (qui s’attache à examiner les racines d’un système) que propose cet article est souvent qualifiée hypocritement par ces mêmes institutions d’individualisantes. Les flics aussi sont pris·es dans une logique ou, inévitablement, certains comportements se verront.

Dépasser la logique de la justice capitaliste-étatiste impliquera notamment de renverser cette perspective pour comprendre les erreurs d’autrui pour tenter la « médiation » (dans la mesure du possible), la justice « réparatrice » (dans la mesure du possible), la justice « transformatrice » (dans la mesure…) etc. En fonction des situations, il y a tout un tas de manières de régler une affaire sans rentrer dans le manichéisme et le carcéral/coercitif. Ce sera par exemples aux victimes, conjointement avec l’ensemble des personnes concernées par l’oppression en question, de décidé du sort de la personne dont on a relater les faits qui exigent une délibération. Sur le sujet, la brochure (en anglais) intitulée « What about the rapist » (« Et le violeur, t’en fait quoi ? ») mérite d’être lue. Une traduction française est en cours par des camarades à ce qu’on m’a dit.

Il n’y a pas de bon ni de mauvais flic. Il y a des flics. Quelque soit ses tentatives d’influencer positivement le cours des choses, l’agent de l’institution étatique la cautionne en participant à son illusion légitimante. Ces personnes sont des agentes d’une institution pourrie et dangereuse, c’est le sujet du point suivant.

Le peloton d’exécution prêt à tirer sur le supplicié, à Cuba le 17 mai 1935. (Photo by KEYSTONE-FRANCE/Gamma-Rapho via Getty Images)

Raison quatre : Elle est dangereuse

Qu’il y en ait des bon·nes ou pas, comme dit dans le point 2, il y a des mort·es. La police est coupable de crimes elle-même tous les ans. Seulement, comme le premier point l’indique, il n’y a aucun recours possible car la police est protégée et protège la justice et l’état. Alors donc, qui nous protège de la police ?

Pendant le premier confinement, il y a eu 12 mort·es par la police, en l’espace de quelques mois donc.

Et il y a des blessé·es, mutilé·es, éborgné·es, violé·es et j’en passe, tous les ans. Des yeux crevés, des mains arrachées, des os fracturés… Que ce soit en interpellation, en répression de manifestations (pacifique ou non), dans le commissariat même ou juste dans la rue. Les statistiques sont assez difficiles à obtenir, voire impossibles, du fait qu’il règne une omerta sur ces violences. Chaque agent·e cherche à couvrir ses collègues, car ils et elles ont tou·tes un pied dans la merde; si l’un·e d’entre elles et eux tombe, tout le monde tombe. Si la police tombe, l’état tombe. D’où ce soutien mutuel. C’est entre autre une raison pour laquelle les agents de police sont toujours acquitté·es lorsqu’une affaire de « bavure » est portée au tribunal. La première raison étant l’importance qu’elle revêt pour l’état, ce dernier cherchant à protéger sa protectrice.

L’omerta est telle que même lorsque manu fit semblant de dénoncer les violences policières, des agents de polices ont manifesté pour protester contre l’emploi de certains mots, tels que « contrôle au faciès ».

Il faut se souvenir aussi que la police est dangereuse également pour les agents elles et eux-mêmes. La première cause de mortalité dans la police est le suicide. C’est pas un scoop.

Comme dans toute institution étatique, il y a une pression énorme exercée par la hiérarchie étatique, combinée à des ordres absurdes et contradictoires. Mais, plus particulièrement dans la police, l’endoctrinement étatique dénote avec les réalités du terrain : on dit aux agents qu’iels protégeront la population des méchant·es (comme si la méchanceté était extérieure à la population), mais se retrouve à remplir de la paperasse et emmerder le monde pour faire du chiffre sur les amandes aux prolétaires, pendant que de exilé·es fiscaux·les se la coulent douce. Ils et elles s’attendent à défendre la justice mais font régner l’injustice, espèrent protéger les faibles mais défendent les collègues ultra-violent·es et intériorisent cette violence au point d’en devenir eux et elles-mêmes violent·es.

C’est aussi pour ça qu’il ne peut pas y avoir de distinction de gentillesse ou méchanceté dans la police, ou dans n’importe quelle institution étatique : y participer, c’est cautionner les agissement de tou·tes ses autres représentant·es.

Comme le dit le slogan : les meilleur·es flics sont celles et ceux qui démissionnent; dégouté·es de la police et ayant compris sa dangerosité, pour elles et eux mêmes comme pour les autres.

Raison cinq : Ça coûte cher

Le budget de « sécurité » de 2019 s’élevait à 20,485 millions d’euros (20 milliards et 485 millions d’€). C’est 18 fois celui de la santé (1128 million d€, soit 1 milliard et 128 millions).

Alors que le personnel hospitalier se plaignait des moyens insuffisants depuis déjà des années, la police était 18 fois plus importante pour le gouvernement. Il est plus important pour l’état de contrôler que de soigner. L’état préfère réprimer que prévenir.

Ce sens tout particulier des priorités, bien étatiste et capitaliste, a eu des conséquences désastreuses sur la gestion de l’épidémie de covid19. Le bouleversement de nos vies par les confinements, couvres-feux et autres mesures autoritaires, est dû à cette inconséquence des politiques capitalistes-étatistes.

En tant qu’anarchiste, je suis de toute façon pour une société sans argent à terme. Mais là n’est pas la question. Dans la perspective actuelle, le budget étatique révèle les priorités du capitalisme-étatisme.

Imaginer toutes les ressources et le temps que l’on gagnerait sans police. Le point suivant dit pourquoi on n’y perdrait pas grand chose.

Raison six : Elle ne protège pas et ne sert pas

La devise de la police est « protéger et servir ». Mais comme vu plus haut, la protection et le service ne sont que celle et celui de l’état. Si des enquêteurices cherchent à trouver le ou la coupable d’un crime, c’est pour éviter le désordre que causerait l’absence de réponse au crime. L’intérêt de l’état est dans le contrôle social, pas dans la prévention du crime, c’est ce qu’indique le niveau auquel il fait appel à la police.

La police est violente, c’est le le thème du point 4, et les violences policières ne sont pas des « dysfonctionnements », ou des « bavures », c’est le fonctionnement habituel et normal de cette institution. Il faut inspirer la peur à la population pour faire appliquer les loi capitalistes sans encombre, les récentes images de répressions des contestations le prouvent encore. Mais cette violence est exercée depuis des années, même des décennies sur les personnes racisées, « enclavées » dans des quartiers populaires.

L’exemple le plus parlant du fait que la police ne nous protège pas et ne nous sert pas et dans la gestion des crimes sexistes. Non-seulement son rôle n’est pas la prévention et donc d’éviter les crimes, mais elle ne se préoccupe pas non plus de son rôle supposé de répression des crimes. Le point suivant parle du sexisme dans la police pour donner un exemple parlant.

Une peinture d’un bourreau ne faisant que son travail (et c’est bien ça le problème)

Raison sept : Le sexisme y est banal

La culture du viol et le refus de recevoir les plaintes des victimes de crimes sexuels réduisent le nombre des dépôts de plainte, ce qui réduit les statistiques sur ces crimes. La pression exercée sur les femmes victimes d’agression sexuelle, d’attouchement, de viol etc, est si forte que même les personnes qui n’ont « rien à se reprocher » ont peur de la police. Certain·es survivant·es disent même que le passage au commissariat est pire que ce pourquoi on y va, parce que le niveau du sentiment d’injustice est abyssal quand on trouve des excuses à l’agresseur et fait porter le chapeau à la victime. Une inversion de la culpabilité s’opère : la victime devient coupable, le ou la coupable devient une victime.

C’est clairement de la culture du viol, qui se matérialise également dans les conversations des agents. Pour en savoir plus sur ce sujet, je vous recommande le livre : Une culture du viol à la française de Rey-Robert.

La couverture du livre en question.

Une récente affaire de révélation des conversations privées d’agents de police montre bien le lien entre sexisme et racisme au sein des services de police :

Évidemment, la misogynie traditionnelle ne vient pas sans homophobie. Ça n’est pas surprenant.

On y voit aussi que les idées fascisantes y sont acceptées. Pour savoir si elles sont là depuis le début où sont elles se sont infiltrées avec le temps, on regardera le point 9, sur l’histoire.

Raison huit : C’est un repère à fascistes, une machine à peur

Comme le dit un énième slogan : un mutiler un·e pour en terroriser cent, en mutiler cent pour en terroriser dix mille.

La dernière affaire rappelée au point précédant montre qu’il y a suffisamment de fascistes, littéralement, dans la police pour avoir des inquiétudes. L’autoritarisme de l’institution (voir point 1) favorise l’entrée des personnes favorables à un pouvoir unilatéral, vertical et violent. Cette présence, même sans inquiéter, devrait poser des questions sur le but et l’intérêt de l’institution : si les gens sensés « protéger et servir », soi-disant, sont des fascistes, sexistes, homophobes et racistes, peut-on vraiment se sentir protégé·e quand on est une femme, une personne LGBTQIA+, une personne assignée à une « race » ? L’archétype du citoyen modèle : homme blanc, viril, hétérosexuel, cisgenre (qui se reconnaît dans le genre attribué à la naissance) et ne s’adonnant pas à la contestation politique peut se sentir protégé et servi (et encore, on a tous et toute quelque chose à cacher dans le capitalisme-étatisme…), mais ça concernerait alors une minorité de la population.

Le sentiment d’insécurité vis-à-vis de la police est partagé par une grande partie de la population, à raison. Les différents points qui précèdent disent pourquoi on déteste la police, mais aussi pourquoi on en a peur. Il faut réussir à surmonter cette peur et la faire changer de camp, ce n’est pas à nous d’avoir peur de l’état, c’est à l’état d’avoir peur du prolétariat.

Nous sommes, de plus en plus nombreux à avoir peur de la police, et en conséquence à la détester, elle et ce pouvoir qui ne tient plus que par elle.

Citation tirée de l’article en lien ci-dessus

Cette peur est le dernier fil auquel s’accroche le pouvoir. Tant qu’on ne réussira pas à tenir tête au bras armée de l’état, on perdra les batailles sociales. La crise de légitimité du pouvoir (politique et économique) est évidente. Lorsqu’un pouvoir perd en légitimité, qu’il s’affaiblit, il fait appel à la force brute de la matraque et de sa « justice » de classe.

Pour bien comprendre l’arbitraire de cette institution, le niveau de violence que ça atteint est que l’on se retrouve avec une absurdité : cette peur se retrouve même au sein de la majorité parlementaire (1 député).

Le fait que plus de la moitié des flics vote extrême-droite, et un quart à la droite dure, en dit assez long sur l’idéologie régnant dans l’institution. (Le sondage en lien est biaisé car il considère dupont-aignan comme de « droite » alors qu’on peut sans trop de problème le classer à l’extrême-droite. Le chiffre est donc supérieur à 54%)

Raison neuf : Son histoire pue

Pour rappel, la police est « nationalisée » en 1941, durant la dictature. Elle a servi alors aux pires exactions que l’on connaît, en faisant même du zèle. Une interview d’un survivant de la rafle du Vel d’Hiv est disponible en podcast ici.

Si certains agent ont été tentés de résister ou de réduire le décompte des mort·es, ça n’a pas changé le fonctionnement de l’institution, qui elle n’a jamais été remise en question. On voit dans le podcast présenté ci-haut comment certains policiers (c’était un métier exclusivement masculin à l’époque) qui ont participé aux rafles se sont retrouvés à continuer d’exercer sans souci après la libération. En effet, à la libération, un certain général prend la place de son confrère maréchal. Si la dictature prit fin pour laisser les quatrième et cinquième républiques naître, la police nationale vichyste n’a jamais été modifiée. Le général en question avait besoin de cet outil pour servir ses objectifs coloniaux, notamment. La police servi alors, entre autre, à réprimer les mouvement indépendantistes des colonies françaises.

Sur l’histoire du racisme institutionnel de la police, l’état, la justice et du capitalisme, voir cette petite émission en podcast.

La continuité de cet histoire se fait ressentir aujourd’hui dans la violence et le racisme de cette institution. La brigade anti-criminalité (BAC) utilise les méthodes de répression développées durant les révoltes coloniales sur les jeunes des quartiers populaires, puis en même temps sur les manifs. La compagnie républicaine de sécurité (CRS) utilise les méthodes de répression utilisées sur les quartiers populaires contre les manifestations. Au passage la CRS tient ses origines dans les groupes mobiles de réserve (GMR), créés en 1944 par… vichy, également.

Puis, une fois le général hors de la politique, l’état ne pouvait plus se passer de son bras armé. La cinquième république utilise, sans que ça lui pose problème, la police créée par vichy, la dictature antisémite..

Raison dix : Elle bloque toute alternative à elle-même et au système qu’elle défend

La police est donc un outil d’imposition d’un ordre établi : le capitalisme-étatisme. Tout ce qui ne peut pas être récupéré par lui est combattu par la police : propriété collective, autogestion, squat etc.

Elle réprime les manifestations les plus contestataires. En général, plus le gouvernement à peur, plus la répression des révoltes est élevée, plus elle tente de combattre la peur par la peur. C’est une bataille des émotions qu’il faut dominer si on ne veut pas voir émerger un état policier total. La montée fulgurante de la répression policière des manifestation depuis 2016 montre à quel point l’état est faible et à peur de ses sujet·tes.

Et même sans état, les alternatives à la justice punitive et carcérale sont impossibles tant qu’existe cette institution. l’un ne peut pas exister sans l’autre. Une justice réhabilitatrice, préventive et réparatrice n’a aucun sens si l’institution qui s’en charge est répressive, violente avec les tares qu’on lui connaît (sexisme, racisme etc) et qui de toute façon arrive après que la mal a été fait (ou bien avant que quoi que ce soit ait même été envisagé, par paranoïa et/ou volonté de réprimer les contestations; le fameux « délit d’attention », où on vous accuse de ce que vous n’avez pas encore fait).

La conclusion qui arrive se concentre sur les possibilités de vies sans police et de réponses à la répression.

Conclusion

Vouloir réformer la police, après avoir vu mes 10 raisons de détester la police serait du cynisme ou de l’illusion. Cette institution n’est pas réformable, elle est foncièrement raciste, sexiste, homophobe, violente… elle est le bras armé d’un état oppresseur, lui-même outil de domination au service du capitalisme.

Il serait donc logique au contraire d’être pour son abolition, au même titre que pour l’état et le capitalisme. Il faut bien différencier les mesures réformistes de celles amenant à l’abolition. Pour ce faire, un document très simple résume ce qu’il est possible de faire. Également, une interview d’une sociologue sur le sujet.

Pour envisager une société sans police, de nombreuses personnes et mouvements se sont emparé·es de la question. On peut trouver l’inspiration dans leur réflexions et apporter les nôtres. Par exemple ici.

Il faut appeler un chat un chat : les flics ne préviennent pas la criminalité ; au contraire, ils la provoquent sciemment par la violente destruction de nos communautés sur une base quotidienne.

Citation tirée du document en lien juste au dessus.

Pour lutter efficacement contre un ordre établi, il faut lui opposer une autre forme de société. Contre le capitalisme-étatisme, je prône qu’il faut mettre en pratique son exact opposé : le communisme-libertaire. Société basée sur les besoins et désirs de la population, prenant évidemment en compte les limites écologiques, sans hiérarchie, donc sans état et donc sans police. Face à l’individualisme forcené et la violence capitaliste-étatiste, il faut produire une entraide collective.

Tout ceci implique une révolution de nos rapports sociaux, une révolution sociale, qui ne passerait pas par l’emploi des outils du pouvoir en place mais au contraire s’en détacheraient, agirait indépendamment de ceux-ci. Des organisations telles l’Union Communiste-Libertaire (UCL) proposent un projet anarchiste (sans hiérarchie, sans état, sans capitalisme) qui produirait enfin de la justice en mettant fin aux prisons. Voir son dossier sur le sujet.

La Fédération Anarchiste a bien sûr aussi ses propres réflexions en la matière.

Le manifeste pour la suppression générale de la police nationale est très complet, bien qu’un peu ardu et long, et approfondit la réflexion sur pleins de sujets liés, par exemple comment le système policier façonne nos comportements et ceux de la société tout entière.

Croire que l’État limite la police, c’est croire, tout simplement, que l’État a plus de réalité que la police, qui est pourtant l’incarnation de l’État, et sa présence dans la vie réelle la plus évidente.

Pour les innocents, il y aura toujours des bons policiers et des mauvais policiers, comme dans la tête des collaborateurs de vichy, il y avait des bons et des mauvais nazis. Armer une partie de sa population contre une autre, même pour le bien commun des deux parties, crée toujours un déséquilibre en droit. Ce déséquilibre consiste à accorder plus de crédit à la parole du policier qu’à la parole du citoyen. Il s’agit là d’une réalité indéniable à la fois dans l’opinion publique mais aussi directement dans l’exercice de la justice.

Citation tirée du Manifeste pour la suppression générale de la police nationale

Nous le prolétariat, ne sommes jamais mieux protégé·es et servie·es que par nous-mêmes.

Protégeons-nous de la police. Organisons la riposte à la violence capitaliste-étatiste en mettant en place une auto-défense collective autonome (indépendante des institutions fidèles au pouvoir, voire du pouvoir lui-même selon la perspective théorique) et de réponse à nos besoins et désirs.

Cette révolte doit être antiraciste, féministe, anti-lgbt-phobies etc, tout à la fois. Elle doit être intersectionnelle et antifasciste.

La révolution se produit, c’est un processus, elle ne se fera pas du jour au lendemain en prenant le pouvoir en place pour à peine le changer. La société anti-autoritaire se produira dès les premières mesures réellement communistes : mise en accessibilité gratuite en sans condition des moyens de subsistance, effacement de la division sociale de l’activité etc. Le communisme-libertaire n’est pas un acquis mais un produit continuel de nos actes; il est moyen et fin à la fois.

Ni police, ni état, ni capitalisme

Vive l’anarchie ! 🏴

Quelques chansons sur le sujet :

Un long rap qui en dit encore plus long sur la police
La Révolte, vieille chanson anarchiste, reprise en punk et avec des paroles adaptées à notre temps
LE classique de chez classique Mort aux vaches

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